Cette Vierge en majesté a été entièrement restaurée par Claude Lerat, grâce à l’initiative de l’association des Amis de Villarceaux. DR
Il a retrouvé toutes ses couleurs, après son long séjour dans la poussière et les toiles d’araignée. Le tableau de Camille Chazal, miraculeusement retrouvé dans des caves du domaine de Villarceaux, à Chaussy, est enfin restauré. La restauratrice Claude Lerat vient de mettre la dernière touche de couleur à cette grande huile sur toile de 3 m sur 2,50 m. « C’est notre plus importante action en tant que mécène », se félicite Patrick Monin, président de l’association des Amis de Villarceaux, qui depuis dix ans s’attache à animer le domaine.
Le groupe avait déjà financé la restauration de la chapelle du château, permettant ainsi d’ouvrir le lieu au public. Mais pour le sauvetage de ce tableau, représentant une Vierge à l’enfant, il a dû débourser pas moins de 10 000 €. Les Amis de Villarceaux ont pu compter sur l’aide des visiteurs (l’urne placée à l’entrée du domaine et l’appel au mécénat ont permis de récolter plus de 3 000€).
Un élément historique du château
Si l’association avait à cœur de sauver cette œuvre à tout prix, c’est parce que la toile a une importance à la fois artistique mais aussi historique pour le domaine. Elle a été commandée par d’anciens propriétaires du château, la famille Cartier, à Carmille Chazal, peintre parisien très en vogue au XIXe siècle.
Claude Lerat en train de restaurer le tableau de Camille Chazal retrouve en 2014 dans les caves du château de Villarceaux. LP/Marie Persidat
L’œuvre, livrée en 1859, a une particularité. Derrière la vierge à l’enfant, on distingue nettement les silhouettes des deux châteaux de Villarceaux. D’après le conservateur du domaine, Thierry Labussière, « c’est la seule représentation du château médiéval qui existe ». Ce bâtiment a en effet été démonté au XVIIIe siècle et il ne subsiste que très peu de renseignements sur son architecture.
Un tableau grignoté par les souris
Malheureusement, la toile avait fini par être rangée et oubliée. Redécouverte en 2014, elle a été prise en main par une restauratrice en 2015. Il était en très mauvais état pour son âge », reconnaît la professionnelle dont l’atelier est installé à La Roche-Guyon. Il avait dû être entreposé dans un endroit inadéquat avec beaucoup d’humidité. Je soupçonne même que des petites bêtes, comme des souris, avaient grignoté la toile. »
Après une première étape visant à stabiliser les effets du temps, la restauratrice s’est attelée à la « réintégration picturale », le chantier le plus long. Une fois les trous rebouchés et l’ensemble nettoyé, il s’agit de faire des retouches avec des pigments.
Si le résultat n’est pas encore visible par le grand public, le domaine étant fermé durant l’hiver, le tableau sera cependant exposé au cours de l’année. La région a en effet annoncé qu’elle maintenant un budget 2019 pour ce domaine, dont l’avenir est actuellement en suspens. Une programmation culturelle est en cours d’élaboration. « Nous prévoyons une exposition photos autour du tableau pour que le public se rende compte du travail », annonce Patrick Monin.
Article de Marie PERSIDAT
Source : Le Parisien