Bijou du patrimoine, le domaine de Villarceaux rassemble entre autres deux châteaux, datant du XIIIe siècle pour la partie basse et du XVIIIe. Lucas Barioulet
À l’approche des fêtes de fin d’année, ils étaient plus de 10 000 visiteurs, en seulement deux jours, à venir profiter de la « Féerie de Noël » à Villarceaux. Un record pour cet événement organisé par l’association des Amis du domaine. Et pourtant, si le site historique n’a jamais attiré autant de monde, son avenir reste toujours aussi incertain.
Il y a un an environ, la région Ile-de-France qui gère ce complexe historique unique lançait un « appel à manifestation d’intérêt » (AMI) afin de trouver un repreneur. Depuis son arrivée à la tête de l’assemblée, Valérie Pécresse (Libres!) n’a en effet eu de cesse de clamer son souhait de se débarrasser de ce lieu qui, à son goût, coûte trop cher à la collectivité.
Une décision attendue pour avril
Le processus de recherche a pris beaucoup de retard. Mais le calendrier semble à nouveau se préciser et une décision est attendue pour le mois d’avril 2020. On sait désormais que dix-huit candidats se sont montrés suffisamment intéressés par l’AMI pour venir sur place à Chaussy, visiter le domaine. Finalement, douze dossiers ont été réellement déposés.
Parmi ces propositions, le conseil régional a opéré un premier tri, dont on ne connaît pas les critères. Huit propositions ont dans un premier temps été retenues. Elles ont ensuite été réduites à cinq. « Nous demandons des compléments d’information pour celles-là », indique Thibault Humbert, conseiller régional et animateur du comité de pilotage mis en place dans le cadre de l’AMI.
Parmi ces projets, deux ont été développés « par des entreprises importantes avec des reins très solides », nous détaille-t-on sans dévoiler de nom. Quatre des dossiers consistent en une reprise de gestion du site. La dernière candidature propose carrément de le racheter. Rappelons cependant que Villarceaux, qui comprend notamment deux châteaux et un parc de 70 hectares, n’appartient pas à la région mais à la fondation suisse Charles Léopold Mayer.
Les maires de la communauté de communes du Vexin Val de Seine avaient manifesté en juin 2018. LP/Marie Persidat
Les élus locaux défendent son maintien dans le domaine public
« Je suis assez optimiste pour l’avenir », assure Thibault Humbert satisfait du nombre de candidatures obtenues. Restauration, événementiel, spectacles vivants… Les projets en lice sont de natures différentes. Mais tous garantissent « une ouverture au public » assure la région. « Et les élus auront leur mot à dire », promet Thibault Humbert.
Des déclarations qui ne convainquent pas vraiment les acteurs locaux concernés. Un collectif d’élus et d’associations milite depuis plusieurs années pour que Villarceaux reste dans le domaine public. En lançant ce qu’elle avait appelé son « opération de la dernière chance », Valérie Pécresse avait promis de les associer aux futurs projets dans le cadre d’un « groupe de travail ».
Ils souhaitent être associés au choix de la région
Mais ces élus s’estiment aujourd’hui mis de côté. « En septembre dernier, nous avons envoyé un courrier à la région pour nous plaindre du fait que nous n’étions plus informés de rien depuis le mois de février précédent », explique Philippe Lemoine, le maire (SE) de Chaussy. Depuis, la région a communiqué sur le nombre et la nature des candidatures auprès des acteurs locaux. Mais sans les consulter pour autant… « Ils ont créé un groupe de travail, moi j’appelle ça plutôt un groupe d’information », remarque Philippe Lemoine. « Ils décident tout seuls. »
En attendant, le domaine rouvrira bien en avril prochain après la trêve hivernale. Le conseil régional assure « qu’un million d’euros de fonctionnement a été budgété en vue de la prochaine saison. » Une nouvelle plus que bienvenue car il semble que les économies voulues par la région se fassent déjà sentir. « Faute de budget, il n’y a plus d’entretien du parc depuis début octobre », observe le maire de Chaussy. « On dirait qu’ils ont hâte de se débarrasser du site… »
L’appel aux dons de l’association des Amis du domaine
L’association des Amis du domaine, qui anime les lieux de manière entièrement bénévole, rencontre elle aussi des difficultés financières. Les très forts vents qui ont soufflé dans la nuit du 13 au 14 décembre, à la veille de la Féerie de Noël, ont causé des dégâts importants, détruisant notamment cinq barnums. L’association a donc lancé un appel aux dons afin de financer l’achat du matériel nécessaire pour renouveler la fête l’an prochain.
Article de Marie PERSIDAT
Source : Le Parisien